La pollution sonore fait partie de notre vie à tel point que l'on a oublié ce qu'est le silence. Les sons nous entourent. Le vacarme nous submerge de tout côté : le trafic aérien dans le ciel, le trafic ferroviaire au sol, les transports en commun, sur la route, les travaux dans les rues, les téléphones portables partout qui sonnent, les open spaces au travail.
Les impacts sur la santé sont multiples. On recense à peu près 10 000 décès par an en Europe imputables à la pollution sonore. Le trop de bruit, cause de fatigue et de stress, agit sur le système nerveux. Surviennent des difficultés à se concentrer, de l'irritabilité, de l'agressivité qui, dans le contexte du travail, favorisent une ambiance délétère.
L'ouïe est en danger à partir de 80 décibels avec risques de surdité passagère ou définitive, de l'hypertension, de l'hyperacousie.
Le trop de bruit peut amener à la dépression et même au suicide, le manque de bruit peut amener à la dépression et au suicide également. C'est paradoxal mais le bruit est tellement présent que son absence peut angoisser. Il est assimilé à la vie alors que le silence est associé à la mort.
Mais le silence n'est pas qu'acoustique, il peut se vivre de différentes façons.
Le silence de ne rien faire
Qui ne culpabilise pas quand par chance il vit des temps creux ? Les journées laissent peu de place au "ne rien faire" qui devient un véritable luxe. Se tourner les pouces, regarder le plafond en rêvassant, laisser les idées divaguer comme bon nous semble. Il faut oser ne rien faire car c'est compliqué dans une société en constante ébullition. Prendre le temps de s'arrêter est un acte, et ce moment de non activité en silence est tout sauf une perte de temps.
C'est même un moyen de cultiver l'intelligence. Le silence favorise la concentration, la mémorisation, la prise de recul nécessaires au questionnement. C'est un espace qui s'ouvre pour tirer le meilleur parti des capacités intellectuelles.
On associe le silence à l'ennui, alors que c'est un moment propice aux rêves et une porte qui s'ouvre à l'imagination. Si notre mental est saturé de pensées, il n'y a pas de place pour le silence. L'inaction silencieuse permet de marquer une pause, de se connecter à son monde intérieur et d'aller à l'essentiel.
De temps en temps, s'offrir ce cadeau de vivre le temps qui passe en contemplant ce qui nous entoure plutôt qu'en cherchant à le meubler est très ressourçant. Goûter au silence pour écouter ce que d'habitude nous n'entendons pas : le gazouillis d'un oiseau, le bruissement du vent dans les arbres, un écho, un clapotis d'eau, une cloche au loin, le ronron du chat, sa propre respiration, ses battements cardiaques, des bruits digestifs, le flux sanguin...
Le silence en mouvement
Le silence ne se vit pas qu'en mode statique ou tranquille.
Dans la vie de tous les jours, la marche permet de se déplacer d'un point à un autre. La conscience proprioceptive avec l'attention aux sensations d'ancrage et de motricité, permet de développer une présence à soi-même dans l'environnement. La pratique de la respiration au carré en marchant (inspirer sur un nombre de temps, pause sur le même temps, expiration sur le même temps, pause sur le même temps), calée sur les pas est un moyen efficace pour coordonner pensée, respiration et déplacement en sécurité.
Faire silence, c'est écouter, se rendre disponible : donner du temps, de l'attention, une présence bienveillante qui accueille.
Tiré de la revue de sophrologie , pratiques et perspectives
Comments